Hommage de l’ASDHOM à la mémoire de notre ami Gilles Perrault

Un grand homme nous a quittés…

Nous pleurons aujourd’hui un grand homme, intègre et authentique défenseur des droits humains, qui avait fait sien le combat du peuple marocain et ses forces vives pour un État de droit.
Par son engagement sincère et désintéressé auprès des défenseurs des droits humains au Maroc et ses actions contre la torture, la disparition forcée, les enlèvements et les procès politiques iniques, qui sont bien documentés dans son livre Notre ami le roi, Gilles Perrault a sans conteste contribué à lever le voile sur le mensonge de l’État marocain quant à son soi-disant respect des droits humains. Cette pression à l’international a acculé le pouvoir marocain à lâcher du lest dans les années 1990 en ouvrant le bagne/mouroir de Tazmamart, en libérant ses rescapés, en mettant en place une amnistie générale et en permettant le retour des exilés politiques.
Gilles Perrault n’a pas baissé les bras pour autant. Il est devenu de facto une persona non grata. Il a fait face avec un courage exemplaire à toutes les tentatives d’intimidation et de corruption de la part du pouvoir marocain qui cherchait à le faire taire. Non seulement il n’a pas courbé l’échine, mais il a continué son soutien indéfectible aux luttes des victimes de la répression au Maroc, à leurs familles et aux organisations de défense des droits humains. Il a toujours répondu présent quand il s’agissait d’apporter son appui ou sa solidarité avec une action en faveur des victimes. C’était déjà le cas en 2012 lorsqu’il a accepté de parrainer la campagne de parrainage qu’avait lancée l’ASDHOM en faveur des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc.
Voici ce qu’il avait répondu à la sollicitation de l’ASDHOM:

Dans le combat pour un Maroc démocratique et équitable, les détenus
politiques, hommes et femmes, sont en première ligne. Ils subissent de plein
fouet la répression, l’injustice, les mille et une techniques utilisées pour
briser leur volonté de lutte. Leurs familles, plongées dans l’angoisse, sont
prises en otages par le régime. La prison est le lieu de toutes les souffrances,
mais c’est aussi l’enclume sur laquelle se forge le Maroc de demain. »
Parrainer un ou une prisonnière politique représente un geste de solidarité
élémentaire auquel nul ne doit se dérober. C’est briser la solitude que peut
ressentir celui ou celle qu’on parraine. C’est réconforter les familles. C’est
aussi et surtout démontrer au pouvoir que ses victimes ne sont pas à sa
merci, ignorées du monde extérieur, livrées à sa vindicte.

Gilles Perrault à l’ASDHOM


Pour son engagement sincère et pour tout ce qu’il a mis en œuvre en faveur du peuple marocain, l’ASDHOM lui a décerné lors d’une soirée de solidarité en novembre 2014 le titre de « Citoyen marocain d’honneur ».Titre qu’il a partagé avec
d’autres démocrates français et qui orne depuis son salon.
Avec la même ferveur, et malgré un âge avancé, Gilles Perrault avait ensuite accepté de faire partie d’un comité international pour la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc. Projet qui a émergé après l’appel du poète Abdellatif Laâbi en 2017 lors du mouvement populaire dans le Rif et sur lequel travaille actuellement l’ASDHOM dans le cadre d’un partenariat qui la lie à l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et le Centre des droits humains en Amérique du Nord (CHR-AN).


Gilles Perrault aurait bien aimé être présent lors de la mise en place de ce comité international. Malheureusement, il ne sera pas là ce jour-là. Une grande perte pour les démocrates marocain-e-s.

Nous allons devoir continuer son combat. C’est la meilleure façon de l’honorer et de lui rendre hommage.
Nous assurons sa femme, ses fils et tous ses proches de notre soutien. Qu’il repose en paix. Nous le garderons à jamais dans notre mémoire collective.


Paris, le 4 août 2023
Le Bureau exécutif de l’ASDHOM

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